Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VIE
Publicité
19 août 2009

Les couleurs de Cael.

La valeur des couleurs n'avait plus de mystères pour Cael. Au bout d'une vie de recherches, d'études et d'observation il avait enfin réussi à définir avec précision toutes les teintes, toutes les infimes colorations et le résultat de chacun des mélanges. La quête d'une vie touchait à sa fin. Cael regardait l'immense mur de la cathédrale sur lequel était accroché son tableau des couleurs. Le monde pouvait enfin librement admirer sont travail. Pour son auteur, la vie avait depuis longtemps un autre sens. Lorsqu'il découvrit les premières nuances il se rendit rapidement compte que tout était lié, organiser et hiérarchiser. Le vert des forets était le seul qui puisse se marier à la perfection avec le bleu du ciel. Le rouge des coquelicots était le seul qui pouvait se marier avec le jaune des champs de blés. Tout était limpide pour Cael, logique. Il avait 70 ans lorsqu'il acheva enfin son travail. Il prit ses affaires, regarda une dernière fois son oeuvre et partit. Il marchait depuis déjà deux jours. Deux longues journées. Sensible à chaque variation de couleurs il savait quel bleu allait succéder à quel vert, quel rouge allait prendre la place de tel vert. Il marchait sans surprise. Sans s'étonner. Pour Cael, la beauté d'un paysage n'était plus frappant car il n'y voyait que logique mathématique. Au bout du troisième jour il s'assit face à la mer. Le soleil couchant terminant sa course et plongeait lentement dans l'étendue d'eau. Cael soupira. Il savait déjà quelles seraient les nuances de couleurs de cette nuit. Et celles du lendemain matin... Il s'allongea par terre et regarda les étoiles. Soudain, haut dans le ciel, il vit une immense traînée blanche. Ce qu'il prit d'abord pour de la fumée se déplaçait à une vitesse foudroyante. Il concentra son regard dessus et distingua que le panache blanc était enfait légèrement bleuté. Cael eut un choc. Il n'avait jamais vu cette nuance de couleurs. Il se rendit compte que tout son travail avait porté sur la terre, et qu'il n'avait jamais lever les yeux vers les étoiles. La comète disparu et laissa place à la voie lactée. Le vieil homme fut abasourdi. De nouvelles nuances éclatèrent dans sa rétine et se gravèrent instantanément dans son ésprit. Des valeurs de couleurs qui ne suivaient aucune logique, aucune hiérarchie connue. Cael se leva, ouvra son sac et entreprit de reproduire ses nuances, à l'oeil. Il aligna ses potions et ses fragments bruts de couleurs et fit ses mélanges. Il travailla toute la nuit. Au petit matin, il n'avait pas réussi à obtenir ce blanc bleuté qu'il avait vu et de désespoir il s'endormit. Plusieurs heures après, il ouvrit les yeux et compris. Ce qui lui manquait était simplement des fragments bruts de couleurs du ciel ! Il avait tout les fragments de la terre mais pas ceux du ciel ! C'était pourtant évident ! Cael se leva et retourna à la cathédrale. Il salua le prieur et rejoignit la plus haute tour de l'édifice. Il monta sur le toit et attendit la nuit. Lorsque le soleil se coucha il fût éblouie par les nouvelles nuances de couleurs. Elles étaient toutes différentes de ce qu'il avait vu la nuit précédente ! Il ne perdit pas de temps et souleva au dessus de sa tête ses instruments de récolte de fragments. Une étoile brillait et descendit jusqu'à lui. Cael l'attrapa dans une fiole et la rangea dans une des nombreuses poches de son manteau. Puis une aurore boréale apparut, et il put en attraper des filaments avec son épuisette. Soudain, il la vît. La traînée blanche était apparue de nouveau. Elle filait à 100 mètres devant lui. Et elle arrivait dans sa direction ! Cael se jucha sur la pointe des pieds et attendit les bras ouverts. Soudain, la traînée le percuta de plein fouet, Cael referma les bras et tomba à la renverse. Il dégringola en emportant une série de tuiles avec lui. Le choc avec le toit fût rude. L'homme aux couleurs perdit connaissance. Il revint à lui quelques minutes plus tard. Par miracle il n'avait rien. Il chercha des yeux la traînée blanche qu'il était certain d'avoir attraper et l'aperçu à ses pieds. Le magnifique blanc bleuté de ses souvenirs avait disparu. Il y avait à la place un vert bouteille tout à fait commun... Cael fouilla ses poches et vit que l'étoiles ne brillait plus dans sa fiole et que les filaments de l'aurore boréales étaient devenue ternes et jaune comme du papyrus...
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité